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toulouse:un_bellicisme_neoliberal_fsl_24_01_09

====== UN BELLICISME NEOLIBERAL ====== On attribue souvent au marché, dans sa forme la plus « aboutie » (concurrence pure et parfaite avec libre circulation des capitaux...), des vertus pacificatrices pour la société. Mais si l’on ne peut nier que la coopération économique ait été l’un des enjeux de la pacification de l’Europe occidentale, ce serait pourtant très réducteur que d’ériger cet exemple en modèle. La guerre a certainement traversé les différentes périodes de l’Histoire humaine, entretenant avec chaque forme de société des liens propres. Il s’agit ici de montrer que des liens existent entre d’une part notre système capitaliste, accompagné de l’idéologie dominante actuelle qu’est le néolibéralisme, et d’autre part la guerre et le militarisme. Le couple capitalisme/néolibéralisme provoque, de manière directe ou indirecte, la déclaration de nombreux conflits. Mais la recherche du profit fait que l’existence ou le maintien de conflits sert les intérêts de certains. La guerre devient un moyen d’engendrer des profits, sans évidement se soucier des conséquences sur les populations civiles concernées. Ainsi, la sphère de la Défense, traditionnellement régalienne et devant donc en théorie n’être assurée que par l’Etat, est, sous l’influence néolibérale, de plus en plus en proie à l’appétit des marchés. Et il devient urgent de s’en inquiéter. ==== Un capitalisme néolibéral source de conflits ==== Ce qui caractérise le mode de production capitaliste est avant tout la recherche du profit. Ainsi, un capitalisme exacerbé, tel qu’il peut s’exprimer dans le cadre du néolibéralisme, va de paire avec le productivisme. Et il n’est plus à prouver les conséquences dramatiques du productivisme sur l’environnement. Aussi, de nombreux conflits, « des guerres environnementales » sont à prévoir, telles les « guerres de l’eau » ou toute guerre visant à l’appropriation de ressources épuisables. La mondialisation néolibérale a par ailleurs accru les inégalités entre pays et ainsi favorisé l’émergence et le développement d’une classe de rentiers (nord+élite du sud). Celle-ci cherche à s’enrichir, au détriment des pays du sud qui s’appauvrissent constamment. Ces Etats tendent à tomber en déliquescence. Aussi, pour ces Etats, le dernier rempart est souvent l’institution militaire, exacerbant ainsi les nationalismes. Mais encore faut-il que cette institution militaire ne soit pas divisée en différentes factions s’affrontant sans se soucier des populations civiles. Enfin, notons que la concurrence entre les groupes militaro-indutriels et la conquête de la maîtrise technologique pousse sans cesse à l’innovation en matière d’armements. Se retrouvent ainsi sur les marchés (légaux ou clandestins) des armes de plus en plus destructrices, de plus en plus répandues et de plus en plus accessibles, même dans les pays les plus pauvres. De plus, on sait que l’innovation n’est généralement possible qu’en réaction à une utilisation régulière, pour pointer les défauts, les corriger et proposer ainsi un produit plus performant. On comprend donc bien que quand l’innovation concerne les technologies militaires, l’utilisation la plus parfaite ne peut être que la guerre. ==== Une marchandisation de la guerre ==== Le général Eisenhower lui-même, dans son discours d’adieux au poste de président des Etats-Unis, mettait en garde contre l’influence des complexes militaro-industriels. Ces complexes, apparus et développés à l’occasion des guerres mondiales, se sont maintenus grâce à la course aux armements durant la guerre froide. Désormais, ces systèmes militaro-industriels sont pleinement intégrés à l’économie mondiale. Leur lien avec le capital ne s’en voit que renforcé : notamment avec les fonds de pensions et autres investisseurs financiers, soumis à la voracité des actionnaires. Ces systèmes militaro-industriels ne sont plus alors que des « marchands de canons », et la part du budget de la défense des états devient déterminante. D’autant plus que financer une guerre, pour un état, apparaît comme un moyen redoutablement efficace pour sortir d’une période de récession économique. En outre, près de la moitié des revenus des Etats-Unis proviennent d’investissement à l’étranger. On comprend alors que les Etats-Unis aient un grand intérêt à la stabilité dans le monde, développant ainsi des velléités impérialistes, conduisant à des conflits économiques ou militaires. La mondialisation néolibérale a vu l’essor de divers acteurs transnationaux. Certains, qu’ils soient privés ou clandestins, participent à une véritable marchandisation de la guerre. Ainsi, les réseaux transnationaux violents (RTV) (mafia, terrorismes etc.) disposent de moyens technologiques parfois très performants et interviennent directement dans le champ militaire et dans celui de la sécurité internationale, se finançant grâce au commerce de la violence. Par ailleurs, des sociétés transnationales privées semblent de plus en plus impliquées dans les conflits armés. Leurs activités (pétrole et ressources naturelles, énergie, armement etc.) sont jugées « stratégiques » et ils entretiennent des liens avec les pouvoirs politiques qui leur confèrent un véritable pouvoir décisionnel dans les orientations militaires des Etats. Il faut enfin mentionner l’importance croissante des sociétés militaires privées (SMP). En Irak, il y a désormais presque autant de salariés de sociétés de sécurité privées que de militaires américains. Leur mission ne peut, par essence, être la même : ces SMP n’ont, économiquement parlant, pas intérêt au rétablissement de la paix mais au maintien d’une relative insécurité mondiale qui est fondamentalement leur fonds de commerce. L’expansion du néolibéralisme n’épargne plus les sphères traditionnellement protégées. Le secteur entier de la Défense (et plus seulement la production d’armes) tend ainsi à être privatisé. Il s’agit là d’une spécialité britanno-étatsunienne, bien que la France, avec ses « accords d’assistance militaire technique » n’est pas en reste. En effet l’armée française vend ses services militaires aux états africains. Là encore, la guerre fait vendre. Un dernier point inquiétant, et pas des moindre, est de voir l’idéologie sécuritaire largement diffusée par nos médias, tenus pour certains par des lobbys de l'armement (groupes Dassault et Lagardère en tête), qui encourage le développement des technologies et des marchés de la sécurité hors du secteur traditionnel de la défense : vidéosurveillance, gardiennage (nottament dans les "ghettos dorés"), vigiles privés dans les universités etc. Le néolibéralisme n’a semble-t-il plus aucune limite, et décidément plus rien de bon à nous apporter. **Sources** : //L’Empire de la guerre permanente, Attac, Milles et une nuits, Guerre et militarisme dans la mondialisation, Claude Serfati//. Disponibles sur le site d’Attac France

toulouse/un_bellicisme_neoliberal_fsl_24_01_09.txt · Dernière modification: 2009/02/21 20:46 par 84.97.28.18